Saint-Julien-Chapteuil

Une histoire riche à l’origine d’un patrimoine exceptionnel

Sommaire

Saint-Julien-Chapteuil : une histoire riche à l’origine d’un patrimoine exceptionnel.

Saint-Julien-Chapteuil est une commune née de l’union de deux localités. À l’origine, la population était implantée autour du suc de Chapteuil. Saint-Julien, une fois choisi comme chef-lieu de canton s’est développé alors que ce n’était qu’un infime bourg auparavant. Alors que savons-nous vraiment depuis l’épopée des seigneurs de Chapteuil jusqu’à l’ascension des familles notables qui firent de Saint-Julien un village remarquable, un centre administratif, politique et un carrefour commercial ?

Sommaire

I Aux origines du territoire : un pays reculé, avec des hameaux dispersés, mais peuplés

II Le Moyen-Age : les ruines de forteresse de Chapteuil et le petit patrimoine en héritage

1 De la viguerie de Chapteuil au mandement

2 Le mandement

3 Le petit patrimoine : fours et moulins

III De l’apogée de Pons le troubadour au déclin des Chapteuil : au cœur de l’Histoire

1 Pons le Troubadour : un héritage culturel important

2 La lutte en Velay contre l’avancée du pouvoir royal

3 L’intégration de Chapteuil au domaine royal

IV Un patrimoine religieux exceptionnel lié à une pratique soutenue

1 La majestueuse église du prieuré

2 Des chapelles dans les petits hameaux et les assemblées

3 Les ordres religieux dans le bourg de Saint-Julien

V La naissance et l’affirmation du village de St-Julien Chapteuil.

1 Une éclosion lente du village : Saint-Julien bas

2 La création de la commune-canton de St-Julien Chapteuil

3 Et le bourg de Saint-Julien se fait village

4 Les écoles

VI Les guerres : du sang et du coeur

1 La Première Guerre mondiale

2 Accueil et refuge lors de la Seconde Guerre mondiale

3 Les combats

Pour conclure

I Aux origines du territoire : un pays reculé, avec des hameaux dispersés, mais peuplés

Des traces d’occupation préhistorique sur le territoire ont été trouvées dans les grottes de Peylenc, à Auteyrac, attestant la présence de tribus vers -6000. À l’époque gallo-romaine, les noms de hameaux en « ac » certifient de la présence de grands propriétaires (ac=acum=grand domaine) : Auteyrac, Neyzac, Monac. Cette hypothèse est renforcée par la présence de la « voie romaine » appelée « l’estrade ». La présence de tuiles retrouvées lors de fouilles atteste de l’existence de villas gallo-romaines puis mérovingiennes. En effet, ces tuiles anciennes n’ont plus été fabriquées après le VIIIé siècle, remplacées par le chaume ou les lauzes.
À la fin de l’Antiquité, le pays était très peuplé, en raison de la présence de terres agricoles riches. On sait qu’il y avait des gros hameaux comme Montusclat ou Monedeyres alors que St-Julien n’existait pas. D’ailleurs, aucun chemin n’y passait.
On suppose qu’une population «arverno alpine», dès le néolithique puis l’Antiquité, avait trouvé refuge ici, au «pays», face aux invasions celtiques et aux attaques barbares en raison de l’isolement des lieux. A priori, cette communauté avait des têtes rondes, ce qui était encore le cas de presque 80% des Capitoliens début 20é siècle : lors de la mode des chapeaux canotiers, le chapelier Mallet en commanda, mais constata que les hommes ne pouvaient les porter ayant la tête trop ronde, et non pas longue (anecdote retrouvée dans les notes d’Henri Dubois).
Il y aurait donc eu peu de mélange avec les Gaulois et autres envahisseurs à têtes longues ou écrasées à l’arrière.

II Le Moyen-Age : les ruines de forteresse de Chapteuil et le petit patrimoine en héritage

1 De la viguerie de Chapteuil au mandement.

Au IXé siècle, les Mérovingiens puis Charlemagne créèrent des vigueries à l’intérieur des comtés pour gouverner leur royaume. Le comté du Velay fut subdivisé en onze vigueries, vastes territoires, dont celle de Chapteuil. Les « viguiers » les dirigeaient. On ignore quel premier homme a été choisi comme « viguier de Chapteuil ». Sans doute quelqu’un issu d’une famille déjà influente et possessionnée dans le pays. Quant au nom, « Chapteuil », il varie selon les sources, reprenant toujours l’idée de « cap : lieu de pouvoir, de tête). Rapidement, les viguiers profitèrent de la faiblesse des successeurs de Charlemagne pour régner en maître sur leur viguerie qui devint leur « seigneurie ». C’est à cette époque que les Chapteuil devinrent « seigneurs de Chapteuil ». Le premier château ne devait comprendre que le donjon, dont il reste quelques traces. La forteresse ne fut édifiée qu’au fil des siècles par étapes.

2 Le mandement

Durant les XIé et XIIé siècles, le domaine de la viguerie se morcela en mandements, des seigneuries plus petites. Des chevaliers vassaux se rendirent indépendants et s’approprièrent les terres qui leur avaient été confiées en fief. De plus, des héritiers Chapteuil reçurent une partie de l’héritage domanial. Malgré tout, début XIIIé siècle, le mandement de Chapteuil restait immense allant jusqu’au Pertuis, au Nord. Au Sud-Est, le mandement capitolien s’étendait jusqu’aux Planchas. Au Sud-Ouest, il comprenait Laprade. Au Nord-Ouest, il allait jusqu’au Triadour. À l’Est, il englobait le bois du Meygal.

3 Le petit patrimoine : fours et moulins

Les seigneurs de Chapteuil encouragèrent leurs paysans à défricher la forêt pour y fonder de nouveaux hameaux portant souvent le terme de « neuf » (Bourgeneuf), ou de « haut » ou « bas » pour l’extension d’un hameau préexistant (Neyzac haut, Chaumard bas ».. De surcroît, les paysans versaient aux Chapteuil le cens (loyer de la terre) et des péages. Les paysans sont libres (tenanciers) ou esclaves (les serfs finiront pas être affranchis au cours du XIIIé siècle)
Les seigneurs ordonnèrent la construction de fours, de moulins (tels ceux de Neyzac) dont les paysans devaient payer l’utilisation en nature. Certains fours, ou moulins étaient pris en charge par les paysans eux-mêmes. Ce sont alors des « biens de sections » dont l’usage revenait uniquement aux habitants du hameau. Les seigneurs pouvaient aussi avoir accordé aux habitants la gestion des moulins, des fours et autres pressoirs, fin XIIé siècle. En outre, ils avaient donné des terres ingrates à tous les paysans d’un hameau comme biens de sections : chacun pouvait laisser y paître ses bêtes. Ils pouvaient aussi avoir un droit d’afflouage : les paysans résidant dans le bourg se servaient en bois de chauffage sur les abords des forêts 6 mois par an.
Après l’abolition des privilèges le 4 août 1789, tous moulins, fours, ou bois sont devenus des biens de sections ou communaux.

le four à pain Chanalès
le moulin de Guérin

III De l’apogée de Pons le troubadour au déclin des Chapteuil : au cœur de l’Histoire

1 Pons le Troubadour : un héritage culturel important

Pons le troubadour apparaît en 1195 pour la première fois dans les sources de l’histoire. Il était alors Pons, seigneur de Chapteuil, mais aussi de Vertaizon, en Auvergne. Cette vaste seigneurie lui avait été amenée par son épouse Jarentone vers 1180, en dot. Pons de Chapteuil fréquentait beaucoup Guy II, comte d’Auvergne. En outre, il sillonnait les terres du pays d’oc, invité à de nombreux banquets en tant que troubadour. Il était épris d’Azalaïs de Mercoeur, sa dame de cœur. Ses sirventes lui rendaient hommage, mais elles critiquaient aussi ces rois du Nord qui voulaient accaparer le Sud. Pons refusait toute soumission aux Capétiens qui apparaissaient comme des usurpateurs et des étrangers. En Velay, les féodaux « régnaient » sur leur terre, et rendaient hommage au comte de Toulouse, de Poitiers voire au roi d’Aragon !
Or, Philippe-Auguste voulut devenir le roi suzerain de tout le royaume de France après 1167. Par le biais de guerres, et grâce à l’appui des évêques, il soumit nombre de seigneurs rebelles dont Pons de Chapteuil. Il fut chassé de sa seigneurie de Vertaizon après un conflit avec l’évêque de Clermont qui obtint les terres de l’épouse de Pons par une sentence de Philippe-Auguste. Ce dernier chargea ensuite le sire de Bourbon de soumettre l’Auvergne à son autorité par la guerre. Ce fut chose faite en 1213. Le sire de Bourbon devint le grand connétable d’Auvergne. Puis, en 1238, un bailli royal fut envoyé.

2 La lutte en Velay contre l’avancée du pouvoir royal

Pons poursuivit sa lutte contre l’avancée du pouvoir royal à Chapteuil pour tenter de sauver l’autonomie du Velay et du pays d’oc. Il y parviendra pour un temps…
En janvier 1208, Innocent III lança une croisade contre les cathares qui avaient des adeptes dans le Sud. Le roi y trouva le moyen de s’assujettir les féodaux du pays d’oc. Les terres confisquées aux seigneurs cathares revinrent à Simon de Montfort, un seigneur du Nord, chef militaire de la Croisade, vassal de Philippe-Auguste. Il chercha à conquérir les terres de Raymond VI de Toulouse. Pour résister, ce dernier réunit de nombreux seigneurs occitans désireux de préserver l’indépendance du Sud dont Pons de Chapteuil. Mais ils furent battus par Montfort en 1211 qui fit condamner Raymond VI à l’exil. Simon de Montfort devint « propriétaire légitime » de toutes ses conquêtes. Il reçut le duché de Narbonne et le comté de Toulouse. Les seigneurs occitans craignirent que le pays d’oc perde toute indépendance.

En 1216, le fils du comte Raymond VI, Raymond VII, entreprit la reconquête de ses terres avec le soutien de nombreux seigneurs vellaves (Pons de Chapteuil). Raymond VII battit le fils de Simon de Montfort, Amaury, et reprit avec ses vassaux toutes leurs terres. Amaury de Montfort préféra rentrer en France du Nord en 1224. Le pays d’oc -Velay compris-demeura libre.

En Velay, l’opposition aux rois français eut des répercussions. En 1213, le chapitre du Puy élisait Brocard de Rochebaron, un Vellave, comme évêque. Philippe-Auguste le déchut et nomma Robert de Mehun, son cousin, évêque du Puy à sa place. Il n’eut de cesse d’attaquer les féodaux Vellaves. Il fut assassiné. Et remplacé par Étienne de Chalencon, un Vellave. Philippe-Auguste n’intervint pas militairement, occupé à combattre Jean sans Terre au Nord.
Lorsque Pons de Chapteuil partit en Terre sainte, en 1220, il laissa un Velay indépendant et culturellement rattaché au pays occitan. C’est en seigneur libre et fier qu’il s’éloigne de son pays natal où il laisse une œuvre de troubadour témoignant de sa foi et de son amour de la terre vellave. Il semble qu’il ait perdu la vie lors de cette croisade.

3 L’intégration de Chapteuil au domaine royal

Les descendants du troubadour sont connus grâce à un accord signé en 1211 avec l’évêque Robert de Mehun. Pierre de Fay hérita de la seigneurie de Chapteuil. Les trois autres fils de Pons obtinrent des terres ou firent des mariages fructueux tout comme ses trois filles.
Pierre de Fay, l’héritier direct de Pons le troubadour fut enfermé au monastère de Saint-Chaffre au Monastier-sur-Gazeille, certainement atteint de folie. Son fils devint donc seigneur de Chapteuil encore enfant, d’où son surnom de « Pons le jeune ». Il était assisté par sa mère, Agnès Malet. En 1240, ils commirent tous les deux un crime que l’évêque utilisa pour s’emparer du château. Deux serfs s’enfuirent des terres de Pons et trouvèrent refuge auprès de l’évêque Bernard de Montaigu au Puy. Agnès Malet et Pons firent assassiner les deux fugitifs, offusquant l’évêque qui lança alors une armée sur la forteresse. Chapteuil tomba et Pons devint le prisonnier de l’évêque pendant plus de dix ans. L’évêque Bernard de Montaigu finit par accepter de libérer Pons le jeune, mais il signa un pacte où le seigneur capitolien jura de lui céder Chapteuil et ses dépendances s’il n’avait pas d’héritier. Ce qui fut le cas. L’Église anicienne obtint le château de Chapteuil et ses appartenances.
Peu à peu, ce furent tous les féodaux du Velay qui rendirent hommage à l’évêque en tentant de sauver leur domaine. Le Velay fut désormais un pays du Royaume de France. D’ailleurs, en 1280, les Capétiens y établirent un bailliage royal.
Quant au château de Chapteuil, l’évêque le fit raser, en 1574, sur ordre du baron de Saint Vidal, car des protestants y avaient trouvé refuge. Les paysans des hameaux proches utilisèrent des pierres pour bâtir leurs fermes.

le suc de chapteuil

IV Un patrimoine religieux exceptionnel lié à une pratique soutenue

1 La majestueuse église du prieuré

Au XIé siècle, à la demande des seigneurs de Chapteuil, des moines de La Chaise-Dieu, créèrent un prieuré sur un site abrupt. L’église romane primitive qu’ils construisirent vers 1130 se composait d’une nef, de trois travées avec collatéraux, d’un transept avec coupoles sur trompes à la croisée et d’un chevet triabsidial. Elle portait le nom de Saint-Julien, un Romain devenu chrétien martyrisé près de Brioude où on lui trancha la tête ai IVé siècle. Son culte se répandit notamment dans les bourgs et villages situés sur la route du Chemin de Compostelle, ce qui était le cas de Saint-Julien-Chapteuil. L’édifice actuel résulte de plusieurs remaniements.

2 Des chapelles dans les petits hameaux et les assemblées

À l’initiative des seigneurs, ou des habitants eux-mêmes, voire d’une congrégation religieuse, des chapelles furent érigées dans des bourgs isolés, à l’exemple de la chapelle de la Chapelette. Cette dernière était dédiée au culte de St-Barthélémy. C’était une ancienne commanderie des templiers (on a trace de frère Guillaume de 1200 à 1215 et de frère Bernard après 1217). Ce lieu fut repris par les Hospitaliers de Saint-Jean après la suppression de l’ordre des Templiers. C’était alors un vaste domaine dont il ne reste que la chapelle. La nef et l’abside d’origine romane datent des 11 ou 12é siècle. Des sarcophages d’époque mérovingienne découverts dans les fouilles laissent à penser qu’elle fut érigée sur un ancien lieu de culte païen, comme beaucoup d’édifices religieux. On n’y faisait des fêtes religieuses ou des pèlerinages, comme dans bien d’autres chapelles (celle de Notre Dame de l’Étoile à Montusclat).

la chapelle de la Chapelette dédiée à St Barthélémy
Les béates, occupaient les assemblées des hameaux (prières, calcul, lecture, dentelles). Des fêtes religieuses y avaient lieu pour le mois de Marie, des veillées aussi.

3 Les ordres religieux dans le bourg de Saint-Julien

Les sœurs de Saint-Joseph, suivant la règle du jésuite Médaille, firent une première fondation en 1650, mais on en a vraiment trace qu’en 1822 lorsque le couvent fut construit sur les terres d’une des religieuses dans les prairies de la chaussade. En 1830, des religieuses dominicaines s’installèrent dans le quartier du ruisseau, au lieu-dit Vas Touene. Autour de 1850, des religieuses de Saint-François s’établirent dans l’ancienne assemblée qui avait servi de mairie.
Les frères des écoles chrétiennes, formés aux Carmes, établirent l’école des frères en 1892. En 1967, sur un leg de M. Marcon, quatre religieuses hospitalières ouvrirent et tinrent le premier hospice qui deviendra notre actuel EHPAD.

V La naissance et l’affirmation du village de St-Julien Chapteuil.

1 Une éclosion lente du village : Saint-Julien bas

L’église du prieuré resta isolée, devant un immense communal « le coudert de glaise». Les prieurs en avaient été doté avec une ferme gérée par la famille Adhémar. Ce fut le quartier de l’Holme qui se peupla en premier. Il prit le nom de la paroisse Saint-Julien vers le XIVé siècle. Il y avait une autre église, d’où le nom de place Saint-Robert, actuelle place de la mairie.
La population vivait dans les hameaux situés non loin du site de Chapteuil, à Neyzac, Chanalès, le Fraisse, à Montusclat, aux Couderts où on trouvait des notaires. Des fonctionnaires s’y installèrent et organisèrent des réunions de communautés.
À noter que Saint-Julien était toujours une seigneurie dont Louis XIV se débarrassa en la vendant à la famille Gerphanion. En 1733, Jean Pierre de Surrel, dit « le grand », fils de Pierre Surrel, consul du Monastier et notaire royal, acheta la seigneurie. Il la perdit naturellement à la Révolution. On suppose que le siège du propriétaire était la belle demeure à l’angle du quartier du Ruissseau, à l’Holme. Mais il pourrait aussi s’agir d’une des anciennes maisons du bas de la Chaussade, près de l’office du tourisme.

2 La création de la commune-canton de St-Julien Chapteuil : nouvelles demeures de notables et embellissement du bourg

Durant cette période agitée de la Révolution, le village de St-Julien est relativement préservé. Quelques prêtres réfractaires se cachèrent à Chaumard, dans une grotte. Avec la création des départements, la commune (d’abord appelée municipalité) de Saint-Julien-Chapteuil vit le jour (elle s’appela quelque temps le mont Mégal). Pourtant, le bourg était encore peu peuplé (quelques 450 âmes pour plus de 2500 dans toute la commune !) : ces 450 habitants occupaient le quartier de l’Holme, la place St-Robert et quelques maisons détachées non loin de l’église actuelle.
En 1790, la commune fut gérée par une assemblée municipale élue pour 2 ans renouvelables au suffrage censitaire (seuls les hommes riches votaient). Elle désignait des conseillers qui siégeaient en permanence en guise de tribunal de police avec un accusateur public.
En parallèle, les citoyens riches de la commune de Saint-Julien élisaient un maire et un procureur qui représentaient le gouvernement. Les réunions se faisaient à la mairie de St-Julien installée d’abord dans l’ancienne vicairie puis dans l’assemblée de la place St-Robert.
Ce fut à cette époque que les grandes familles de notables de Monedeyres ou encore de Montusclat s’installèrent à St-Julien, construisant des belles maisons en bas, car le bourg demeurait divisé avec le haut.

En 1795, Saint-Julien devint chef-lieu de canton sans doute pour sa position centrale entre tous les hameaux et aussi, car des familles de notables y étaient installées. L’administration cantonale était composée d’un Président, d’un Commissaire au pouvoir exécutif et d’agents municipaux représentant chaque commune du canton avec un adjoint. Un juge de paix désigné supervisait la justice. Les séances de l’administration cantonale se tenaient dans la pièce de l’ancien prieuré, au premier étage (garage de l’actuelle cure). J.F Maurras, le notaire de Saint-Julien fut en 1798 le président de cette assemblée assisté par JG Richaud, commissaire du pouvoir exécutif.
Plus tard, sous Napoléon I, les préfets auront un droit de contrôle sur les maires et les adjoints nommés par lui-même.
Par la suite, selon les régimes politiques, les modes d’élections ou de nominations fluctueront, mais après 1870, c’est au suffrage universel masculin que seront élus les maires, puis après 1944, au suffrage universel (hommes et femmes).
De 1904 à 1908 et alors que les femmes n’avaient pas encore le droit de vote, c’est une maire femme qui fut choisie à St-Julien : Mme Camille Sabatier qui donna le terrain sur lequel fut édifiée l’école publique actuelle.
Au XIXé siècle, des noms reviennent souvent dans la liste des maires ou des élus, prouvant l’ancrage de familles notables sur des générations : les Mauras, les Sabatier, les Gential, les Mathieu. On sait aussi que la famille Boyer était très en vue, et qu’elle fonda une cimenterie et fabrique de tuiles route d’Auteyrac avec une cité ouvrière. D’autres familles étaient influentes -outre les De Bonneville (descendants lointains des Chapteuil) ou les De Sanhard (branche cadette de la famille des seigneurs de la région yssingelaise) élus en raison de leur notoriété à une époque charnière entre l’ancien régime et la République- des familles comme celles des Vernet, des Jouves, des Roubins, des Richaud ou encore des Layes sont ancrées sur le territoire et possèdent des belles villas. Certains sont de riches commerçants, d’autres des notaires ou médecins.

3 Et le bourg de Saint-Julien se fait village

Depuis 1791, un marché avait lieu près de l’église sur le « coudert la Glaise », mais il y faisait froid. On passait par le chemin du Ruisseau qui conduisait aux Couderts pour s’y rendre ou par le Charreyron depuis Saint-Julien bas.
La mairie vendit quatre lots à des familles en 1834 qui s’engagèrent à construire chacune un immeuble d’aux moins trois étages pour abriter le marché. Ces demeures se trouvaient donc sur le bord du ravin du ruisseau, elles avaient six étages de ce côté. Les étages souterrains servaient d’ateliers, d’étables, de caves, de granges. L’une de ces maisons devint la première gendarmerie qui quitta st Marsal. Le cadastre indique qu’en 1838 le quartier du haut se construisait autour de la place qui deviendra « la place du marché ».

Des maisons serrées sortaient de terre jusqu’à l’actuel casino, commençant le peuplement de la rue Chaussade.
Mais plus bas, c’était encore de la prairie (outre le couvent Saint-Joseph des religieuses et la ferme de la Roche, isolée).
Sur le Charreyron, la maison Wulf se distinguait par sa façade. Mais la chaussade restait encore un sentier souvent plein d’eau. Elle fut alignée à 8m de largeur en 1862. Elle mit longtemps à se construire, bordée par les prés Mongial. Après 1910, trois belles maisons de notables se bâtirent.
Puis la poste fut édifiée en 1921, la gendarmerie s’installa dans la villa des Bati. En 1951, la dernière maison occupa le seul pré qui demeurait libre. La même année, on traça l’avenue Jules Romains et des quartiers s’édifièrent au-delà.

4 Les écoles

L’instruction devenant obligatoire et gratuite par les lois Ferry de 1881-1882, une école publique des garçons fut ouverte place du marché et une pour les filles dans une maison sur le couderc du Mariou. En 1910 fut construite l’école publique appelée désormais « les copains », avec un vaste préau prévu aussi pour les fêtes et réunions. Des petites écoles furent bâties, dans les hameaux, souvent des classes uniques.

L’école des frères ouvrit en 1892 dans la rue Chaussade.
L’instruction se démocratisa et la jeunesse put quitter la terre pour exercer un autre métier. La population changea de visage : on vit l’apparition d’une bourgeoisie commerçante ou d’affaire émerger à Saint Julien. L’exode rural commença son inexorable saignée.

En 1885, l’écrivain Jules Romains naquit à la Chapuze, dans une ferme de la famille Farigoule. Il deviendra un écrivain de talent et de renom, académicien.

VI Les guerres : du sang et du coeur

1 La Première Guerre mondiale

Quand éclata la Grande Guerre, les paysans qui payeront un lourd tribut étaient en pleines fenaisons-moissons. Ils furent plus de 500 mobilisés dans la commune, délaissant les femmes dans les fermes où elles assumèrent le travail avec courage.

*photos et costumes : Anthony Villemont, passionné de la Première Guerre (merci à lui pour la liste des Capitoliens appelés selon leur bataillon ou régiment, et pour celle des tués).

Il y a eu 108 poilus tués, 182 gravement blessés et 14 prisonniers de guerre. Parmi les 182 blessés, 31 moururent quelque temps après, avant 1930, suite à leurs blessures. Blessures qui furent parfois invisibles (traumatismes, cauchemars, perte de mémoire). Les anciens poilus eurent du mal à retrouver leur rôle de chef de famille, devancés par le fils aîné ou leur épouse.
Le premier monument aux morts place St-Robert

2 Accueil et refuge lors de la Seconde Guerre mondiale

Alors que l’armée du IIIé Reich occupait la Belgique et le nord de la France, de nombreux réfugiés furent accueillis à Saint-Julien-Chapteuil : 1400 personnes fin juin 1940, après la signature de l’armistice. Les écoles enregistrèrent un nombre important d’enfants venant de Pologne (mais vivant en France du Nord, les pères travaillant dans les mines), d’Alsace, du Nord-Pas-de-Calais : Longwy, Hesrserang, Anvers, Ottange…Ils s’appellaient Cavanoz, Salomon, Kort, Lambert, Paoletti… Une cantine fut créée. Chaque famille capitolienne hébergeait une famille de réfugiés selon ses possibilités. Le foot fut un facteur d’intégration qui créa de véritables amitiés. Et des réussites : Saint-Julien-Chapteuil gagna le championnat de foot de Haute-Loire en 1941 ou (et) en 1942. Les joueurs se déplaçaient grâce au taxi d’un réfugié : une 401 Peugeot de Tulio Servagi.

La famille de Serge Klarsfeld, le célèbre avocat qui a pourchassé de nombreux nazis en fuite dont Klaus Barbie, trouva refuge avec sa mère, Raïssa et sa petite sœur à Saint-Julien où il fut scolarisé à l’école catholique Saint-Joseph. Originaire de Roumanie, sa famille s’était installée en France par amour du pays. Le père, Arno, a été arrêté une première fois à Paris, mais a réussi à s’évader. Il a alors conduit les siens à Nice. Mais lors d’une rafle, il s’empressa de cacher sa femme et ses deux petits dans une armoire. Lui seul fut arrêté et mourut à Auschwitz. Serge, sa sœur et leur mère se réfugièrent à Saint-Julien, chez un arracheur de dents qui tenait un café (dont on ne retrouve pas le nom exact…). Dans la préface d’un ouvrage d’Anny Bloch, elle-même réfugiée à Saugues, Serge Klarsfeld évoque cette période dans la commune en ces mots :

3 Les combats

La population de la commune ne fut pas très impliquée ni touchée par ce conflit barbare. D’abord en zone libre, la population resta attachée à Pétain et des jeunes partirent au STO. Quelques-uns rejoignirent les maquis.
Le bois du Meygal servit de refuge à un groupe de résistants venu de Firminy, les Woodly.
Lorsque toute la France fut occupée, la présence allemande en Haute-Loire, sous les ordres du colonel Coelle, ne fut pas immense : une petite garnison au Puy.

Trois Capitoliens ont trouvé la mort lors de la Seconde Guerre.

Pour conclure

Saint-Julien cumule tout ce qui fait de l’histoire la richesse d’un territoire. Il n’y a peut-être pas de hasard. Après tout, deux grands hommes y sont nés et sont devenus des poètes-écrivains : Pons de Chapteuil, le troubadour et Jules Romains.

Florence Roche,
avec l’aide précieuse des écrits d’Henri Dubois en plus de ma thèse sur « les Chapteuil et la résistance féodale occitane à l’avancée du pouvoir royal ».

Patrimoine Vernaculaire

- Secteur : Auteyrac.pdf
- Secteur : Bacelles.pdf
- Secteur : Bard.pdf
- Secteur : Bellerut.pdf
- Secteur : Bourgeneuf-Les Chavaillas.pdf
- Secteur : Chanalez.pdf
- Secteur : Chapteuil.pdf
- Secteur : Chaumard.pdf
- Secteur : la Chapelette.pdf
- Secteur : la Chapuze.pdf
- Secteur : la Faye.pdf
- Secteur : le Betz.pdf
- Secteur : le Bourg.pdf
- Secteur : le Fraisse.pdf
- Secteur : le Villaret.pdf
- Secteur : les Ardennes.pdf
- Secteur : les Couderts.pdf
- Secteur : Monchanis.pdf
- Secteur : Neyzac-Bas.pdf
- Secteur : Neyzac-Haut.pdf
- Secteur : Peyrebrune.pdf
- Secteur : Rocherols.pdf
- Secteur : Saint-Marsal.pdf
- Secteur : Sumène.pdf